28/04/2013

Caroline


Caroline est tellement perdue que ça en fait peur. Elle a beaucoup de mal à se concentrer, n’arrive pas à répondre aux questions ou répond de façon imprécise. Elle réfléchit longtemps avant de parler comme s’il fallait qu’elle traduise chaque mot, la conversation se déroulant dans une langue étrangère.
Je demande à Caroline de s’installer sur le divan pour que je puisse l’examiner. Je lui prends la tension. J’aime bien serrer le bras du patient avec le brassard et qu’il le ressente. On parle souvent plus facilement avec un médecin qui s’occupe de votre corps. Je finis par comprendre que son compagnon est parti. Elle a vu un autre médecin, il y a 7 jours, qui a pris du temps avec elle, qui l’a écoutée, qui lui a prescrit un arrêt de travail et des anxiolytiques. Elle est toujours aussi paniquée. Tout doucement, je l’aide à aller à l’intérieur d’elle pour trouver un peu de stabilité.Elle s’apaise et se détend sur le lit d’examen pendant une dizaine de minute. On revient au bureau, Je prolonge son arrêt et demande à la revoir deux jours plus tard. 
Le surlendemain, Caroline est la première patiente de la matinée. Elle a le sourire et la première chose qu’elle me demande, c’est si elle peut refaire du sport. Je me réjouis de ce début de consultation et lui demande ce que lui a apporté la séance d’hypnose. Elle me dit qu’elle a arrêté de penser tout le temps à lui. Elle s’est remise à faire des choses. Elle avait l’impression d’être à côté d’elle-même et elle s’est retrouvée. Elle a l’impression d’avoir raccroché les morceaux. On prend rendez-vous pour dans une semaine. Elle retourne travailler et va arrêter les médicaments.